Les enfants ne pourront plus être détenu·e·s du fait de leur statut migratoire : une mesure enfin inscrite dans la loi ?

Jeudi 9 mars, après de longues négociations, le gouvernement Vivaldi arrivait à un accord sur la migration. La majorité des mesures annoncées inquiète fortement les associations de défense des droits humains qui soulignent cependant une avancée : il est prévu d’enfin inscrire dans la loi qu’un enfant ne peut pas être détenu du fait de son statut migratoire…

Une promesse que la coalition Vivaldi avait déjà faite en septembre 2020 et qui mérite d’être concrétisée d’ici la fin de la législature… nous y veillerons.

JPEG - 943.2 kio

Un engagement qui tarde à se concrétiser
Les promesses sont une chose, mais si elles ne sont pas suivies de faits, elles n’ont aucune valeur et feront l’effet d’une poudre aux yeux. Nous, associations de défense des droits humains, veillerons à ce que d’ici la fin de la législature, le gouvernement respecte enfin sa promesse et inscrive dans la loi, noir sur blanc, l’interdiction de détenir un enfant du fait de son statut migratoire.

De terribles impacts sur la santé des enfants
Enfermer un enfant a des impacts profonds et durables sur sa santé et son développement. Cela a été prouvé par d’innombrables expert·e·s, dont le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik qui souligne qu’ « il n’y a pas de bonne façon d’enfermer. L’enfermement est un trauma grave. ». Même des périodes de détention courtes peuvent affecter le bien-être psychique et physique des enfants et compromettre leur développement cognitif. Les expert·e·s en psychologie ayant travaillé avec des enfants de tous âges en centre de détention constatent que la détention provoque chez eux et elles un mutisme, de l’anxiété liée au stress post-traumatique, et même des comportements d’automutilation et tentatives de suicide.

Un bémol de taille : les maisons de retour
La loi qui devrait être adoptée prochainement portera sur la détention d’enfants en centre de détention administrative. Pourtant, des enfants sont encore actuellement détenu·e·s en « maisons de retour » : il en existe 29 en Belgique. Moins connues, ce sont aussi des lieux de privation de liberté pour des familles migrantes. S’il ne s’agit pas de lieux fermés à clé, il s’agit bien d’une forme de détention qui ne dit pas son nom. L’enfant subit d’abord le traumatisme d’une arrestation. Il/elle est coupé·e de son entourage, doit endurer des restrictions de liberté importantes et des violations de ses droits à l’éducation, aux loisirs… et est finalement menacé·e·s d’être expulsé·e vers un pays qu’il/elle n’a parfois pas connu. Ancrer dans la loi l’abolition de la détention d’enfants en centre fermé est un premier pas indispensable mais réellement mettre fin à cette pratique inhumaine doit aussi passer par l’interdiction de les détenir en maison de retour.

Car un enfant migrant·e est avant tout un·e enfant et qu’on n’enferme pas un enfant. Point.

Lisez notre communiqué de presse ici: PDF - 206.2 kio

Signataires
• Plateforme mineurs en Exil | Platform Kinderen op de vlucht
• Défense des Enfants International (DEI) – Belgique
• Jesuit Refugee Service Belgium
• Service Droit des Jeunes – Namur
• UNICEF Belgium
• Ligue des droits humains
• Coalition Move coalitie
• APPIJF
• WAIMH belgo-luxembourgeoise
• ATF-MENA
• Point d’appui ASBL
• Caritas International
• NANSENasbl
• Concertation wallonne des acteurs en charge des MENA et (ex)-MENA
• CRIPEL asbl
• Live in Colour
• Centre El Paso de l’association AJDN, Gembloux
• Kinderrechtencoalitie Vlaanderen
• Tumult vzw
• CRIC Charleroi
• CAI Naimur (Centre d’action Interculturelle de la province de Namur)
• CRILux (Centre régional d’intégration de la province du luxembourg)
• CIMB (Centre interculturel de Mons et du Borinage)
• CRVI (Centre Régional de Verviers pour l’Intégration)